Auteur: Yasunori Koide, Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International

Des guêpes meurtrières, du sensationnalisme à l’emporte-pièce

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Première semaine du mois de mai, après 2 mois de confinement, les journalistes et les reporteurs s’emparaient de la nouvelle qui allait semer la peur au sein de la population: l’invasion de guêpes meurtrières en Amérique du Nord. C’était une opportunité en or pour les journalistes, la peur a toujours été un bon carburant. Peut-on les blâmer? Le sensationnalisme est toujours plus payant que les faits nuancés. Dans un contexte de pandémie où la population est rivée sur les actualités et où la crainte générale est palpable, quoi de mieux qu’une métaphore biblique telle qu’une invasion d’insectes tueurs.

Cela faisait quelques mois que nous n’avions pas entendu parler de cette espèce, Vespa mandarinia, une grosse guêpe à papier originaire du Japon dont un nid avait été trouvé sur l’île de Vancouver à Nanaimo en 2019. Quelques articles ont été publiés sporadiquement de janvier à avril 2020, mais sans que cela ne devienne une nouvelle virale. Le 2 mai, le feu de paille commence, le journaliste Mike Baker publie un article dans le New York Times qui raconte l’histoire de Ted McFall dont la quête est de prouver la présence de cette espèce de guêpe dans l’état de Washington. La vague médiatique qui s’ensuit est spectaculaire et principalement attribuable aux mots « guêpes meurtrières » et « tueuses d’abeilles ». Je ne crois pas que les titres auraient suscité autant d’émoi si les journalistes avaient utilisé son vrai nom vernaculaire : le frelon asiatique géant.

Alors, parlons des faits. Après l’extermination du nid à Nanaimo par une équipe d’apiculteurs en septembre 2019, la présence de l’espèce sur le continent est désormais confirmée. Toutefois, il reste à déterminer si l’espèce est établie ou s’il s’agit d’un cas isolé. De plus, rien ne porte à croire que l’extermination n’a pas été réussie. Il faut savoir qu’il n’est pas rare de constater l’introduction de nouvelles espèces exotiques d’insectes surtout dans les villes portuaires comme Vancouver ou Montréal. Deux mois plus tard, en décembre, les fonctionnaires de l’état de Washington rapportaient la découverte de deux spécimens dont l’identification fut confirmée. Des tests ADN ont révélé que ces spécimens n’étaient pas apparentés à ceux du nid de Nanaimo situé à quelques dizaines de kilomètres de là. Cette information mènerait à la conclusion qu’il y aurait eu plusieurs introductions de l’espèce à des endroits différents sur la côte ouest-américaine. Des recherches ont été lancées dans l’état de Washington afin de trouver d’autres individus du frelon asiatique géant. La semaine dernière, de nouvelles mentions de l’espèce ont été rapportées ce qui laisse croire qu’elle serait en effet en processus d’établissement.

Devrions-nous avoir peur de ses guêpes? Cet insecte ne vous sautera pas à la gorge malgré les moeurs de tueur qu’on lui a attribué. Afin de répondre à cette question de manière nuancée, il faut mettre les choses en relation. Au Canada, le nombre de morts par année causé par des réactions allergiques au venin de guêpes ou d’abeilles (notamment de l’abeille domestique) est similaire à celui des décès dû à la foudre. Vous avez 10 fois plus de chance de mourir d’un accident dans votre baignoire que d’une abeille ou du frelon géant. De plus, dans le cas où cette guêpe s’établirait, elle serait restreinte pendant longtemps aux habitats cléments et humides de l’ouest du continent. Il n’y aurait donc rien à craindre à l’est des Rocheuses si l’éradication des nids se poursuit. Si l’espèce devenait effectivement un problème pour les Vancouvérois, ceux-ci pourraient exploiter les nids bien fournis en larves de cette espèce pour ses valeurs gustatives et nutritives comme le font les Japonais traditionnellement.

Ce qui est le plus préoccupant selon moi, c’est que les programmes de détections des espèces exotiques déployés actuellement par les différents paliers gouvernementaux n’ont pas été en mesure de détecter la présence de Vespa mandarinia avant les observations des citoyens. L’augmentation constante du transport de marchandises propulsé par la mondialisation accroît considérablement les risques d’introduction d’espèces exotiques pouvant devenir envahissantes ou nuisibles à certaines cultures. Considérant le tapage médiatique survenu au sujet de cette espèce, pourquoi n’avons-nous toujours pas entendu parler du rehaussement des programmes de détection des espèces exotiques? Forcé de croire que cet épisode se reproduira si rien n’est fait pour améliorer la surveillance et la biosécurité de nos frontières.

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