J’ai décidé d’entreprendre la rédaction du livre en 2015, à la suite de mon arrivée à l’Université de Montréal à titre de coordonnateur de la collection entomologique Ouellet-Robert. Des milliers d’espèces accessibles, une collection qui avait besoin de se faire connaître au sein de la communauté; les conditions étaient idéales pour entreprendre un projet d’envergure. Les objectifs étaient simples : promouvoir la collection Ouellet-Robert, améliorer la conscientisation du public envers l’entomofaune et faciliter le travail d’identification des insectes auprès du public, des amateurs et des professionnels.
La première étape fut la sélection des espèces et des spécimens. Ces derniers devaient être en bon état, une attention particulière étaient donc portée vers le nombre de pattes restant, l’intégrité des ailes, la fidélité des couleurs et l’apparence esthétique générale (poils, débris, taches, etc.). Étant donné qu’il aurait été impossible d’illustrer les 20 000 espèces de la collection, une sélection bien spécifique a du être effectuée. Les espèces distinctives visuellement, les espèces communes ou particulières (biologie, morphologie, couleurs, comportements) ont été retenues.
Troisième étape, les spécimens sont amenés dans la collection, où se trouve le studio photo. Un arrangement simple et peu coûteux a été utilisé, il consistait en trois lampes photographiques, un trépied Manfroto, un rail de mise au point, un diffuseur en plastique semi-transparent et un Canon reflex muni d’une lentille macro 105mm et 65mm. Manuellement, j’ajustais la vis du rail afin de prendre des photos à différentes profondeurs. En utilisant la technique d’empilement de mise au point (photo stacking) avec un logiciel spécialisé, les photos étaient ensuite traitées sur Photoshop. C’était une étape du processus que j’avais malheureusement sous-estimé en termes de temps de travail. Pour chaque photo, le fond devait être remplacé par un blanc absolu, une étape qui nécessitait fréquemment un découpage complet de l’insecte. Le traitement des ailes transparentes des insectes représentait aussi un défi, puisque je voulais que la transparence reste le plus fidèle possible avec un fond blanc. Parfois, le plus beau représentant d’une espèce dans la collection était brisé ou il manquait des appendices. Heureusement, on peut faire de la magie avec Photoshop.
La dernière étape consistait à l’insertion des photos dans le fichier InDesign. Après plusieurs essais et plusieurs rencontres avec l’équipe des Presses de l’Université de Montréal, un modèle et un design de page ont été retenus pour le livre. La taille réelle représentée par une barre grise a été ajoutée à cette étape. Puis, tous les noms d’insectes ont dû être vérifiés en prenant soin de suivre la plus récente nomenclature. Pour les noms vernaculaires (noms communs), ceux qui ont été choisis figuraient parmi la liste publiée par la Société d’Entomologie du Canada. En parallèle, je construisais la liste des clés d’identification, un outil unique qui permet aux amateurs et professionnels d’approfondir l’identification.
Si on cumule le temps nécessaire à toutes les étapes, il faut compter de 45 à 60 min par spécimen illustré. Évidemment, ceci est une brève description du processus physique, et il ne faut surtout pas oublier tous les gens qui ont contribué à cet ouvrage. Je tiens à leur rendre hommage et à les remercier profondément.