Si vous avez cliqué sur ce lien, vous êtes soit curieux et/ou vous avez réellement besoin qu’on vous informe correctement sur la problématique qui entoure les abeilles. Je suis désolé, j’ai dû recourir à ce qu’on appelle du « click bait ». Vous avez probablement été sensibilisés par tous les reportages à la télévision ou les articles de journaux sur le sujet et malgré l’impuissance que cela a pu créer en vous, vous désirez mettre votre grain de sel afin d’aider cette cause. La première chose à savoir c’est qu’il existe environ 360 espèces d’abeilles au Québec et environ 800 espèces au Canada. Celle qui fait du miel et qui vit dans une ruche, il y en a qu’une seule en Amérique du Nord : l’abeille domestique (Apis mellifera). Cette espèce est d’origine européenne et elle ne peut pas survivre longtemps à nos latitudes sans les soins de l’humain. Aujourd’hui, elle est considérée comme étant la seule espèce animale exotique qui est relâchée librement et volontairement dans l’environnement. Alors si vous voulez aider les abeilles en général, il serait déconseillé de vous procurer une ruche d’abeilles domestiques.
Sauver les abeilles en installant des ruches c’est comme élever des poulets dans le but de sauver les oiseaux
Alors que se passe-t-il avec l’abeille domestique et l’effondrement de ses populations? Depuis les années 80, les apiculteurs ont essuyé des pertes grandissantes après l’hivernage de leurs ruches. Le taux de mortalité a fluctué, mais il a augmenté considérablement depuis quelques années. L’année dernière, c’est environ 25% des ruches canadiennes qui ont été rapportées comme étant perdues. Plusieurs causes sont maintenant pointées du doigt :
- L’usage intensif des néonicotinoïdes (pesticides)
- Le varroa, un acarien qui s’attaque aux abeilles domestiques
- Les virus et les champignons pathogènes
- La malnutrition, une diète de pollen peu diversifiée
- L’apiculture migratoire, le stress relié aux déplacements des ruches
Cette simple énumération démontre que la problématique entourant les abeilles n’en est pas une de conservation, mais bien d’élevage. De la même manière que les élevages de poulets ou de porcs font face depuis longtemps à des problématiques comme la contraction de maladies reliées à des pathogènes et à la complexe sélection génétique, l’industrie apicole n’y échappe pas. Malheureusement, l’amalgame entre l’effondrement des colonies d’abeilles domestiques et les abeilles en général a créé un mouvement basé sur une mauvaise compréhension des enjeux.
Toutefois, l’inquiétude que beaucoup de gens ressentent face à cette problématique est compréhensible considérant que l’abeille domestique contribue à la pollinisation d’environ 71% des variétés de plantes cultivées que nous mangeons. Malheureusement pour nous, on ne peut pas se passer de cette espèce (Apis mellifera) pour la pollinisation de la majorité des cultures nord-américaines. Malgré qu’il existe environ 360 espèces d’abeilles sauvages au Québec, elles sont incapables à elles seules de polliniser les grandes surfaces en culture qui caractérisent si bien notre système agricole actuel. Ces abeilles sauvages indigènes ne vivent pas dans des ruches peuplées de milliers d’ouvrières, elles sont plutôt solitaires. C’est-à-dire qu’une seule femelle doit s’occuper de sa progéniture qui est située dans des cavités dans le bois ou dans le sol.
Heureusement, depuis quelques années l’attention des chercheurs et des journalistes s’est portée davantage sur les abeilles sauvages indigènes. Elles aussi connaissent un déclin de leurs effectifs chez certaines espèces plus vulnérables. Les causes sont variées, mais on peut y compter l’usage excessif de pesticide, la destruction et la transformation des habitats, les pathogènes et les changements climatiques. La bonne nouvelle c’est qu’il est possible d’aider les pollinisateurs sauvages, c’est relativement simple et peu coûteux.
Alors, tel qu’affiché dans le titre, voilà les trois actions simples pour aider les abeilles sauvages :
1- Faites pousser des plantes à fleurs indigènes (du Québec)
Vous pouvez vous procurer des ensembles de semence pour pollinisateurs chez plusieurs organismes comme la fondation David Suzuki, chez les semenciers ou dans les quincailleries. La plupart des espèces retrouvées dans ces ensembles de semences n’apportent toutefois pas assez d’attention aux espèces printanières de plantes dont les abeilles ont cruellement besoin en début de saison. Il faut également considérer les espèces arbustives et vivaces qui fleurissent abondamment et qui offrent souvent une ressource indispensable de pollen et nectar au printemps. Voici quelques exemples.
2- Favorisez les massifs floraux
Une mère abeille sauvage passe la majorité de son temps à chercher des fleurs. En créant des massifs monofloraux, l’abeille économisera un temps précieux afin d’approvisionner son nid en pollen.
3- Laissez la nature aller
Il faut parfois résister à l’envie de nettoyer le terrain de fond en comble. Il faudra alors favoriser l’hétérogénéité de l’habitat en laissant une bûche au sol ou debout, en laissant une bute de terre exposée au soleil ou en laissant les pissenlits pousser dans le gazon. Au printemps par exemple, si vous laissez quelques peltées de terre au soleil, vous y verrez des petites andrènes (abeille sauvage) tourner autour afin d’y excaver un tunnel où se trouvera sa progéniture. Les bûches laissées à l’abandon serviront de maison à une panoplie d’abeilles comme les mégachiles.